Histoire de Dammarie
Merci à M.M. Tonnellier d'avoir sorti de l'oubli ces richesses cachées de notre patrimoine. En attendant une occasion de les exposer pour le plaisir et la culture de tous.
On a retrouvé le "soleil" de 1685 !
Dans un article intitulé Un illustre dammarien : Richard Brazi, votre blog vous a récemment conté l'histoire de cet ancien et dernier principal du collège protestant de Châtillon-Coligny qui avait abjuré sa religion suite à la révocation de l'édit de Nantes de 1685 et qui s'est retiré à Dammarie où il mourut en1686. Il fut inhumé dans l'église, où demeure sa pierre tombale, en raison de son prestige et des dons qu'il avait fait à sa nouvelle religion et à la paroisse : une chaire et "un soleil en vermeil". Nous nous interrogions sur le devenir de ces objets…
Grâce à la famille Tonnellier qui séjourne toujours au cœur de Dammarie dans sa belle villa Saint-Jérôme, nous avons appris que si la chaire avait bel et bien disparu, le "soleil" était toujours bien là, conservé dans un lieu sûr, avec différents autres objets de culte faisant toujours partie de notre patrimoine communal.
Au lendemain des Journées du patrimoine, les plus beaux de ces objets nous ont été présentés dans l'église de Dammarie, par M.M. Tonnellier père et fils, pour que les habitants et leur blog puissent les admirer.
Et d'abord le "soleil" de 1685 qui est en fait un magnifique ostensoir, portant des symboles et une inscription, sans doute en hébreu, qu'il reste à déchiffrer.
Un illustre dammarien : Richard Brazi
En entrant dans l'église de Dammarie, à gauche, près des fonts baptismaux, vous trouverez, dressée contre le mur, une superbe pierre tombale portant une épitaphe.
Décodé, développé et traduit en français contemporain, le texte, qui comporte plusieurs abréviations, est le suivant :
« Ci-git honorable homme Richard Brazi, avocat en Parlement, ci-devant principal du collège de Châtillon et de la religion réformée, converti depuis un an à la religion catholique apostolique et romaine, qui a donné à cette église un soleil en vermeil et une chaire. II décéda le 4 décembre 1686. Priez Dieu pour son âme.»
Dans ses fameuses "Notes historiques" de 1889, notre historien local Eugène Tonnelier (ancien maire de Châtillon-Coligny, dont une partie de la famille réside toujours Dammarie), en dit plus :
Rappelons le contexte. Après des années de pressions sur les protestants, de mesures vexatoires à leur encontre, de restrictions de leurs libertés, le 18 octobre 1685, à Fontainebleau, Louis XIV révoque totalement l'Édit de tolérance religieuse signé à Nantes par son grand-père, Henri IV, en 1598, pour mettre fin aux Guerres de religions.
Outre son catholicisme fervent, le "Roi soleil" craint, comme ses prédécesseurs que les huguenots favorisent en France les ambitions guerrières des pays protestants comme la Prusse, l'Angleterre ou les futurs Pays-Bas.
L'Édit de Fontainebleau interdit la pratique du culte réformé, ordonne la démolition des temples et des écoles, oblige à baptiser dans la foi catholique tous les enfants à naître, ordonne aux pasteurs de quitter la France mais menace des galères les autres protestants qui émigreraient.
Cette révocation aura des conséquences catastrophiques. Alors que Louis XIV croyait le protestantisme en voie de disparition en France, des centaines de milliers de huguenots solidement établis dans l'économie, vont émigrer à l'étranger. D'autres vont se révolter et semer le désordre, en particulier dans les Cévennes, avec les Camisards, après 1702. Les talents et les richesses des protestants que la France perd, ce sont ses ennemis de l'étranger qui vont en bénéficier…
De nombreux protestants, toutefois, comme Richard Brazi, vont abjurer leur religion et devenir ou redevenir catholiques.
Il faudra attendre 1787 et Louis XVI pour que la tolérance religieuse revienne en France.
Votre blog a recueilli quelques informations complémentaires. Richard Brazi (ou Brazy) était le fils de Jehan Brazi (1584-1670), pasteur à Phalsbourg (en Moselle, entre Metz et Strasbourg) puis principal du collège protestant de Sedan, dans les Ardennes, jusque dans son grand âge.
Il était originaire d'une famille bourgeoise de commerçants et de tanneurs, de Badonviller (Meurthe-et-Moselle), au pied des Vosges.
Sa mère, Judith Pallas, faisait aussi partie d'une famille de commerçants. Elle était originaire de Phalsbourg par son père et de Sedan par sa mère.
Né en 1620, Richard Brazi portait le même prénom que son grand-père. Sa formation fut effectivement celle d'un avocat et il fut docteur en droit.
Il eut un frère et une sœur puis quatre demi-sœurs quand son père se remaria après le décès de sa mère, vers 1635.
Avant d'être le dernier principal protestant du Collège de Châtillon-sur-Loing, il fut pasteur à Jargeau.
Il épousa en 1641 une Suzanne Jenoteau, fille d'Etienne Jenoteau, marchand, qui lui donna un fils et une fille.
Le garçon, Henri Brazi naquit en 1648. Il fut pasteur à Sainte-Sévère-sur-Indre puis, comme son père, abjura le catholicisme, après avoir toutefois émigré en Allemagne, suite à la révocation de l'Édit de Nantes.
La fille, Anne, épousa Jean Barbault, médecin à Châtillon-Coligny.
Ci-contre l'acte d'abjuration de Brazi, conservé au musée de Chatillon-Coligny
Plus tard, Richard Brazi se remaria, en 1678, à Madeleine Cochart, veuve de Pierre Moussot.
Il mourut donc à Dammarie, où il s'était retiré, un an après la révocation de l'Édit de Nantes et, en raison de son histoire, de son abjuration et de ses dons à la paroisse, il fût inhumé dans l'église, ce qui était fréquent, à l'époque, pour les personnages illustres.
Sans doute sa tombe fût elle relevée pendant la Révolution ou suite à des travaux dans l'église…
L'enquête continue, y compris sur le devenir du "soleil en vermeil" et de la "chaire" de l'église, portée disparue dans les années 1960.
Votre blog est preneur de toute information…
Et-ce un soleil de vermeil baroque comme celui-ci que Richard Brazi offrit à la paroisse de Dammarie-sur-Loing ?
Voyage en haut du clocher...
Le 26 juin, sur proposition d'Yves Cormier, ébéniste et l'un de nos concitoyens les plus érudits et passionnés d'art et d'histoire, votre blog des habitants est monté en haut du clocher de Dammarie. Suivez le guide…
Notre église Notre Dame, consacrée à la Vierge (Dame Marie) a été souvent incendiée et reconstruite au fil des évènements historiques. Depuis sa première version, sans doute une chapelle médiévale en bois, jusqu'à ses premiers murs au 11ème siècle et jusqu'à la dernière reconstruction du clocher en 1779, les invasions, les brigandages, les guerres - de religions ou non – la Fronde qui la détruisit en 1652 puis la Révolution ne l'ont pas épargnée.
1779. La date de la dernière reconstruction du clocher figure sur un linteau, à son sommet.
On monte en haut du clocher par de solides échelles de bois.
Au second "étage", une petite pièce renferme le superbe mécanisme de l'horloge.
Bernard Cormier fut enfant de chœur à Dammarie. Beaucoup plus tard, en 1984, il participa à la restauration de l'église et du clocher.
Affichées près de l'horloge, la décision du nouveau Conseil municipal élu en 1983, M. Yves Jaquet étant maire, de rénover l'église, et la liste des artisans du village qui y ont participé : MM. David, Delouche, Cormier, Brécié, Carré…
Les murs sont tapissés d'inscriptions laissées au fil du temps par beaucoup de ceux qui sont montés là-haut pour remonter l'horloge ou autre : sacristains, employés communaux, artisans, enfants de chœur, garnements en visite…
Bernard Cormier aime à y retrouver l'inscription laissée par son père Robert, ancien déporté à la fin de la dernière guerre et qui fut longtemps employé communal et "garde champêtre" du village.
Au troisième étage, on peut admirer la très belle et solide charpente
Clou du spectacle, la cloche et son marteau. Elle fut offerte à la paroisse par la famille des seigneurs de Châtillon-Coligny, les Montmorency-Luxembourg. Elle porte de nombreuses inscriptions malheureusement encrassées et peu faciles à déchiffrer.