Commémoration du 8 mai 1945

Le discours d'Alexandre Ducardonnet, Maire de Dammarie sur Loing.
Lecture des victimes damariennes sur le monument aux morts,
Chacun d'eux a alourdi le ventre de leur mère qui devait, pourtant, toujours, remonter cette côte, la brouette pleine de linges trempés, revenant avec peine du lavoir.
Chacun d'eux a couru en culotte courte dans les blés, à peine plus grand que les épis dorés, à s'en faire rougir les cuisses, dans la chaleur tombante du paisible crépuscule de juillet. 
Chacun d'eux a tant de fois taché les tables de l'école et leurs blouses de cette encre noire, maniant pourtant avec tant de sérieux cette plume indomptable. A s'en faire tirer les oreilles. 
Chacun d'eux a observé, a admiré et s'est inspiré des gestes anciens de pépé, de la tendresse de mémé, de la  force de papa et du courage de maman. Se voyant, un jour, plus tard à leur place le cœur chaud, les yeux rieurs devant le poêle brûlant aux longues soirées d'hiver. 
Chacun d'eux a ri, a  joué, a bu, a rêvé parfois presque trop, dans les cafés de Dammarie, ici, là ou encore au moulin brûlé. 
Chacun d'eux est tombé amoureux. Forcément. 
Chacun d'eux avait déjà un métier. 
Forcément. 
Chacun d'eux a été appelé sous le drapeau. 
Aucun d'eux n'est revenu. 
Il faut rendre hommage à ces hommes qui ont été empêché de vivre et que la guerre nous a enlevé. 
Aux enfants qu'ils n'ont pas eu. 
Aux enfants que Dammarie n'a pas eu. 
Aux arrières petits enfants qui ne sont pas ici, avec nous, ce matin pour se souvenir d'hier et pour construire les lendemains. 
Minute de silence.